Pas de portefeuille, des coupes budgétaires sans précédent
Si l’absence d’un portefeuille ministériel dédié à l’ESS dans le nouveau gouvernement était déjà un mauvais signal, la première version du PLF 2026 franchit un cap : c’est une véritable attaque contre l’ESS. Alors que le gouvernement Barnier prévoyait déjà 5 millions d’euros d’économies sur le budget alloué à l’ESS, celui-ci serait désormais réduit à 12 millions d’euros dans la version présentée par le gouvernement Lecornu, soit une baisse vertigineuse de 54 %.
Et le choc budgétaire ne s’arrête pas là :
- l’Insertion par l’Activité Economique accuse une baisse de 14% (soit près de 208 millions d’euros),
- le volet Sport, Jeunesse et Vie associative est amputé de 18% (soit plus de 265 millions),
- l’aide au développement est rabotée de 16% (soit environ 700 millions d’euros),
- le gouvernement prévoit 7,1 milliards d’économies dans la santé,
- les tiers-lieux et les PTCE sont quant à eux tout simplement sacrifiés avec une baisse de plus de 90% du soutien de l’Etat à ces dispositifs.
A cela s’ajoutent les économies supplémentaires – au moins 4,6 milliards d’euros – demandées aux collectivités territoriales, premières partenaires des structures de l’ESS. Elles auront des répercussions indirectes mais tout aussi lourdes sur les acteurs de l’ESS dans les territoires.
Entre incohérence et affront
Ces chiffres ne sont pas de simples lignes comptables : ce sont des emplois supprimés, des associations qui ferment, des projets utiles aux territoires qui s’éteignent, des services indispensables qui disparaissent. Or, les structures de l’ESS, notamment les associations, traversent déjà une période difficile comme le montrent l’enquête du Mouvement associatif et les plans sociaux annoncés dans plusieurs grandes associations (Secours catholique, Aides).
Croire que l’on puisse faire des économies en organisant la disparition de celles et ceux qui font vivre la solidarité et les services de proximité dans les territoires est un mauvais calcul : fragiliser des milliers d’acteurs qui, chaque jour, tissent du lien social, soutiennent les plus fragiles et contribuent à la vitalité de nos territoires, c’est au contraire augmenter les besoins et donc les dépenses de demain.
Il y a un mois, un rapport de la Cour des Comptes soulignait déjà la faiblesse du soutien de l’Etat à l’ESS par rapport à l’économie dite « classique. En effet, contrairement aux idées reçues d’une économie « sous perfusion », l’ESS ne perçoit que 7 % des aides aux entreprises bien qu’elle représente 14% de l’emploi privé et que 80 % de ses activités sont tournées vers l’intérêt général.
Face à cette dissymétrie de moyens et alors que l’Europe appelle la France à se doter d’une stratégie nationale de développement de l’ESS, les coupes budgétaires prévues dans ce nouveau budget de l’Etat seraient une incohérence totale. Après la mobilisation lancée par Le Mouvement associatif le 10 octobre et à quelques jours de l’ouverture du Forum Mondial de l’ESS à Bordeaux, elles seraient également un affront à tous les acteurs de l’Economie Sociale et Solidaire.
La CRESS Occitanie reste mobilisée !
La CRESS Occitanie reste mobilisée et déterminée aux côtés d’ESS France, du réseau des CRESS et de l’ensemble des acteurs de l’ESS pour que l’ESS soit reconnue à sa juste valeur. Nous appelons les parlementaires à corriger le tir et à aligner le budget sur la réalité : l’ESS n’est pas une variable d’ajustement, elle est une composante à part entière de notre économie ; elle n’est pas une charge, mais un investissement social, économique et écologique. L’ESS ne se laissera pas sacrifier !
